samedi 26 mars 2011

Tendres invertébrés

Arion rufus, la Limace rousse, est surtout connue pour ses méfaits dans les potagers. Mais lâché en pleine nature, le gluant animal nous dévoile un tout autre aspect de sa personnalité.
En forêt comme aux champs, dans les prairies comme dans les jardins, en plaine comme en altitude (où il se présente sous sa forme noire, parfois considérée comme une autre espèce : Arion ater), l'omniprésence de ce gastéropode doit tout à son régime alimentaire extraordinairement varié : végétaux en tous genres, bien sûr, mais aussi champignons, cadavres voire même déjections de carnivores. Il est d'ailleurs courant d'en voir deux ou trois sur les routes, attroupés autour d'un congénère écrasé par une voiture comme des lions autour d'une flaque, le grignotant goulûment.
Une opportuniste donc, qui trouve son bonheur à la fois dans les légumes et la viande faisandée. Et pourtant ! La Limace rousse est également, au même titre que l' Orque, le Tigre ou l'Aigle royal, une redoutable prédatrice. Ici, c'est un malheureux lombric qui va faire les frais de son appétit de carnassière. La preuve en images !


Qui a dit que les Limaces n'étaient que d'inoffensives dévoreuses de laitues ?

Loin de se contenter d'aliments inanimés, la Limace rousse boulotte en réalité tout ce qui est moins rapide et aussi mou qu'elle. Et ce jour-là, c'est tombé sur ce pauvre ver de terre. L'imprudent n'aurait jamais du s'aventurer sur un terrain aussi sec que ce chemin de forêt : une limace par hasard vint à passer ; elle l'intercepte dans le sens de la largeur...


Scronch ! scronch !

...et se met alors à le déchiqueter, ou plus exactement à le ronger, exactement comme un lapin ferait d'une carotte, alors que le ver, pourtant à bout de forces, continue à gigoter.


On distingue nettement les "crocs" de la mâchoire supérieure.

On voit alors la gueule du monstre poisseux se refermer sur le corps de sa victime. En guise de crocs, la nature, dans sa sagesse, l'a doté d'une mâchoire cornée et découpée en forme de piège à loup, qui, actionnée par des muscles vigoureux, lui permet d'arracher des morceaux de chair ou de salade aussi efficacement que s'il s'agissait d'un emporte-pièce. Les morceaux sont ensuite râpés par la radula, chaîne de quelques milliers de dents disposées en arc de cercle sur la partie inférieure de la bouche. On obtient ainsi une purée de lombric prête à être digérée.
Cet incident, quoique qu'anodin dans la longue liste des petits drames qui se jouent au quotidien dans la nature, nous rappelle que ce n'est pas parce qu'ils n'ont pas d'os, que les invertébrés sont des tendres.

2 commentaires:

Nicobola a dit…

J'ai vu cette nuit même une horrible scène se dérouler devant mes yeux. Une de mes limaces mangeait (vivant) un de mes bébés phasmes o_O

Bon ça fait un bout de temps que votre blog ouvert dans mes onglets, faut vraiment que je le consulte un jour ^^ A vu de nez il a l'air très intéressant!

Igor Girault et Lucas Michelot a dit…

C'est vrai que ces bestioles sont des voraces.
En tout cas merci du compliment, de la part d'un étudiant en zoologie c'est plutôt encourageant ! Et merci de nous faire découvrir votre site par la même occasion, attendez-vous à être consulté régulièrement !